MON HISTOIRE AVEC PASCAL


Mon Histoire avec Pascal 

Tout a commencé le jour où il a lu mon Mémoire de fin de cycle de l’ENA qui avait porté sur « Blondin Beye et le Conflit angolais ».Je vous laisse lire la note de lecture de mon Mémoire qu’il a publié alors qu’il était encore le Chef de Cabinet connu du Président Alpha Oumar Konaré et quelque mois après je devenais le plus jeune cadre, collaborateur d’un président malien. La Note de Pascal Baba Couloubaly sur mon Mémoire de fin d’études: Onze novembre 1975 : après quatorze années de lutte acharnée et dix neuf mois de combats meurtriers, alors que le Haut Commissaire portugais annonce précipitamment avec les troupes de l’ex-métropole, Agostinho Neto à Luanda, Jonas Savimbi à Huambo et Holden Roberto à Humbriz proclament, dans la liesse chacun de son côté, trois indépendances séparées pour le même territoire. Commence alors l’interminable conflit angolais dont l’ampleur, mais surtout l’enjeu sont à la dimension de l’implication des puissances internationales engagées dans la logique de la guerre froide et des puissances régionales, leurs bras armées. « Rarement, dira plus tard Me Alioune Blondin Beye, peuple aura tant souffert d’un aussi long fléau », compte non tenu que de par ce fait-là, « l’Angola est aujourd’hui le pays le plus miné au monde après l’Afghanistan ». Petit retour en arrière : en l’année de grâce 1482, le navigateur Diego Câo découvre les côtes angolaises par l’estuaire du fleuve Congo. La présence portugaise va durer 500 ans d’exploitation de la richesse alors disponible : les esclaves ; 500 ans sur lesquels le pays n’aura connu que 50 années de colonisation véritable. Et lorsque, dans ce contexte, la lutte anti-coloniale va s’engager, elle se nourrira d’emblée de la mosaïque ethnique qui compose l’Angola, mosaïque dominée par les Ovimbundu, traditionnellement agriculteurs et base de l’UNITA, suivis par les Mbundu, pépinière de métis et de lettrés qui donnent naissance au MPLA, tandis que les Bakongo à la frontière entre l’Angola et le Zaïre fondent le FNLA. Bien qu’ayant combattu le colonisateur ensemble tout, à la veille de l’Indépendance, sépare ces Mouvements. Si le facteur ethnique constitue la toile de fond des dissensions à venir, la politique de ségrégation des portugais a exacerbé cette tension et les choix idéologiques dictés de l’extérieur par la guerre froide ont fait le reste. C’est ce que, outre sa position stratégique entre l’Afrique Centrale et l’Afrique Australe, les grandes puissances ont tôt fait de se rendre compte que le pays est l’un des plus grands « Coffres-forts miniers du Continent » qui, de plus, dispose d’un potentiel agricole, halieutique, industriel et hydroélectrique considérable. Cocktail explosif qui fera que le pays ne disposera pas d’un seul jour d’indépendance, celle-ci ayant immédiatement fait place à une guerre fratricide d’une rare intensité. En réalité, la guerre civile précède l’indépendance, puisque la « Bataille de Luanda » qui permit au régime du MPLA d’être reconnu par la Communauté Internationale a commencé le14 juillet 1975, soit trois mois avant que les portugais, débordés, ne se retirent en catastrophe. Or dans cette bataille qui en préfigure bien d’autres, sont déjà engagés aux côtés des frères ennemis, les USA et l’URSS par des troupes cubaines et sud africaines interposées. Si « la Bataille de Luanda » met définitivement fin à l’aventure du FNLA, Jonas Savimbi se retire sur ses terres pour ne plus, grâce à des attaques répétées, laisser un moment de répit au pouvoir en place. La Communauté Internationale, jusque-là restée immobile, sera tout de même amenée à régir suite à l’agression de l’Angola de 7 000 hommes armés de Pretoria appuyant les troupes de l’UNITA dans « la Bataille de Cuito-Cuanavalé » où, pour la première fois des missiles sont tirés dans un conflit africain. Commencé en janvier 1988, les trois protagonistes (l’Afrique du Sud, l’Angola et Cuba) après s’être entrechoqués en vain sont contraints par l’ONU à la table de négociation. Il en sort la Résolution des Nations Unies, appelée UNAVEM I(United Angolan Verification Mission) ou « Accords de Bicesse ». Ceux-ci permettent à l’Angola d’organiser les premières élections libres de son histoire. Las ! le premier tour des présidentielles qui donne Dos Santos vainqueur déclenche l’ire de Savimbi qui, reparti de plus belle en guerre conquiert, au terme de neuf mois de bombardements quotidiens près de 80 % du territoire. Ce qui lui permet d’exiger et d’obtenir le remplacement de la première représentante du Secrétaire Général des Nations Unies en Angola, Me Margaret Johan Anstee. Alioune Blondin Beye peut entrer en scène en juin 1993. Pour l’auteur, un certain nombre de facteurs objectifs expliquent le succès rapide et certain de Me Beye, à contrario de Margaret Anstee qui avoua n’avoir jamais réussi à se faire entendre par les deux parties, si ce n’est pour se faire insulter. Précisément dit BAMBA, le rôle et la place de la femme en Afrique ne lui permettent pas de rappeler les hommes à l’ordre. En outre, dit-il pour parodier Monroe : « Aux diplomates africains la résolution des conflits africains ». Mais il ya plus : les huit années où Me Beye, en tant que Ministre des Affaires Etrangères du Mali fut impliqué de très près dans la résolutions des conflits au Sahara Occidental et au Tchad ; l’image dont Mali progressiste dont Luanda se rappelle qu’il servit en 1970 de transit aérien pour acheminer les forces cubaines en Angola, ajoutée aux vigoureuses prises de positions du Mali contre l’apartheid ; la personnalité de Me Beye enfin, courtois sans doute, mais qui, à l’occasion, affirme avec fermeté aux deux protagonistes n’être là pour plaire à personne. Mettant à nu les faiblesses des Accords de Bicesse où il s’avère que malgré les implications de l’ONU, leur application a été laissée à la bonne volonté des deux adversaires, le diplomate malien œuvre de manière a ce que l’ONU prenne la direction effective d’UNAVEM II, et c’est bien Me Beye, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies qui est à l’origine du Protocole de Lusaka. Les pourparlers se déroulent sous les bombes, les frères ennemis essayant de se placer dans la meilleur situation de négociation possible. Me Beye sillonne inlassablement le Continent pour impliquer au plus près le maximum de Chefs d’Etat possible dans sa croisade. Finalement, le 20 novembre 1994 à Lusaka est signé « Le Protocole de paix Lusaka ». Il aura fallu une force de persuasion extraordinaire pour arracher d’importantes concessions de part et d’autre, mais l’ampleur de celles-ci donne enfin à l’Angola sa première chance véritable de paix. Le gouvernement accepte en effet d’associer désormais l’UNITA à la gestion du pays. Ses Députés élus suite aux Accords de Bicesse siégeront au Parlement. Elle sera représentée aux plus hauts niveaux de l’Administration et, notamment au niveau du gouvernement. Ses forces militaires et de police seront intégrées dans la nouvelle armée nationale. En retour, il est demandé à l’UNITA de reconnaître les Institutions républicaines en acceptant le résultat des élections générales de 1992 ; ce qui implique qu’elle se débarrasse de sa branche armée. On sait la suite. L’application effective de la plupart de ces mesures buttera au refus systématique de Jonas Savimbi de rendre les zones diamantifères à l’Etat angolais au point que, excédé, Me Beye avait menacé de démissionner en fin juin si l’ONU n’exerçait une ultime pression dans ce sens. Il n’en aura pas le temps, car il devait disparaître de la façon que l’on sait trois jours avant cette échéance. Ousmane BAMBA, le jeune auteur de ce travail sur Beye et le conflit angolais conclura son étude sur une note d’optimisme, deux ans avant le drame. Une étude d’une valeur scientifique incontestable et dont les qualités lui ont valu l’une des meilleures mentions de l’ENA de Bamako. A la rigueur de la méthode, le jeune chercheur a eu souci de la clarté et de la précision du style. Un travail qui mérite d’être porté à l’attention d’un plus grand public. Pascal Baba Couloubaly, Anthropologue, Chef de Cabinet du Président de le République du Mali, in « L’Indépendant » N°183 du 13 août 1998, p 9

O'BAMBA
Email: ousmane.bamba@gmail.com

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